Hommage à Jean Save
MON PÈRE
Ces quelques lignes, en hommage à mon Père, sont basées sur des souvenirs d'enfance et quelques lettres écrites à ma grand-mère.
Jean SAVE, mon Père, est né à Cuesmes le 13 novembre 1924.Il termine ses humanités en 1942.Il a 18 ans.
Avoir 18 ans à cette époque, c'était le STO ( Service du Travail Obligatoire) garanti. Il fallait tout faire pour échapper à cette invention de l'occupant Nazi qui n'était en fait qu'une déportation à peine dissimulée.
Jean décide donc de postuler à la CNAA (Commission Nationale de l'Agriculture et de l'Alimentation), organe du Ministère de l'Agriculture d'une Belgique sous contrôle Allemand.
Il est engagé comme contrôleur et doit pointer toutes les semaines au bureau de la Werbesteldt, organe de contrôle de l'occupant, situé au Fisch Club à Mons.
Son travail consiste à visiter les fermes de la région (Jurbise, Herchies) pour y faire l'inventaire du bétail et marquer les bêtes .Il s'acquitte de sa tâche avec une conscience professionnelle qui a toujours été la sienne.
Certains "bien pensants" ont dit de lui qu'il avait collaboré. Je n'en crois rien. L'époque voulait qu'il faille sauver sa peau et mettre du beurre dans les épinards de la famille. Jean l'a fait honnêtement sans jamais porter préjudice à qui que ce soit.
Le 2 septembre 1944, nous sommes libérés. Un gouvernement National se met en place. La CNAA devient le Service du Ravitaillement dépendant du Ministère de l'Agriculture. Jean y garde sa place mais est occupé à un travail de bureau.
16 décembre 1944, les Allemands jettent leurs dernières forces dans la contre offensive des Ardennes .Un vent de peur souffle sur la Belgique. Les images de mai 1940 resurgissent. Mais le vent passe, et en février 1945, les Allemands sont définitivement boutés dehors et rentrent péniblement chez eux.
Depuis septembre 1944, les Alliés recrutent des volontaires Belges. Certains rejoindront les bataillons de fusiliers, attachés à la Troisième Armée de Patton. D'autre rejoindrons les Brigades d'Irlande, attachées à l'Armée Britannique.
C'est ainsi que, fin avril 1945, Jean décide de s'engager. Il est affecté à la 5ème Brigade, "Merkem",2ème Bataillon d'infanterie, compagnie C, armes lourdes.
Le 7 mai 1945, il est à Fleurus et loge chez l'habitant, Mme Wautelet, 248 rue Vandervelde à Fleurus.
Le 17 mai, il annonce à sa mère son départ imminent vers l'Irlande.
La traversée en bateau ne fut pas une partie de plaisir. Jean passa le plus clair de son temps à l'abri, dans un rouleau de cordages à la proue du navire et avec le mal de mer. La Manche était encore truffée de mines et hantée par les U boat que la capitulation du 8 mai n'avait pas fait rentrer au port. Les alertes se succédaient
Du 22 Mai au 25 Septembre, Jean est à Cromore. En Octobre il est à Caledone et Belfast. Pendant son séjour à Cromore, il est détaché trois semaines à Armagh où il exerce ses talents d'interprète auprès d'une école de cuisine de l'Armée Britannique.
Le 22 août, il reçoit ses gallons de premier sergent et devient chef de peloton. Il préparait les examens d'officier lorsque sonna l'heure de rentrer sur le continent.
Novembre 1945, il quitte l'Irlande et passera par des camps de transit en Angleterre, à Hornsea-Yorks et Stamford Bridge.
En avril 1946, il est à Siegburg en Allemagne et son unité est passée sous commandement Belge.
Jean rentre chez lui, à Hyon, le jour du Carnaval de Binche, en 1947.
Il effectuera encore de multiples rappels à l'Armée, jusqu'après ma naissance en 1951.
Jean est décédé le 14 octobre 2008.Son engagement dans les Brigades d'Irlande lui a valu d'être inhumé à la Pelouse d'Honneur du cimetière d'Hyon.
Rien de plus, rien de moins. Un homme ordinaire.